Tentative de Déstabilisation en cours de l’Iran

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Résumé de la Situation :

Tandis que les Etats-Unis ont affiché leur soutien aux manifestations antigouvernementales qui sévissent depuis plusieurs jours, la tension monte en Iran. Alors qu’Hassan Rohani oscille entre appels au calme et à la fermeté, 10 personnes sont mortes.

«Au cours des événements qui ont agité la nuit, 10 personnes ont malheureusement été tuées à travers plusieurs villes du pays», a annoncé la télévision iranienne, citée par Reuters, au matin du 1er janvier.

Le 31 décembre, pour la quatrième nuit consécutive, les Iraniens sont descendus dans les rues de plusieurs villes du pays, dont la capitale Téhéran, pour protester contre le pouvoir en place et les difficultés économiques. Des manifestations de soutien au gouvernement ont également eu lieu dans plusieurs villes, selon la télévision d’Etat.

Des vidéos mises en ligne sur les réseaux sociaux montrent des manifestants en train d’attaquer et parfois incendier des bâtiments publics, des centres religieux, des banques ou des sièges du Bassidj (la milice islamique du gouvernement).

Téhéran dénonce la présence d’«agents étrangers» :

Un responsable iranien a pour sa part dénoncé la présence d’«agents étrangers» dans ces manifestations. Cité par Reuters, Habibollah Khojastehpour, gouverneur adjoint de la province de Lorestan, réagissant à l’annonce de la mort de deux manifestants dans la ville de Doroud le 30 décembre, a déclaré au micro de la télévision nationale :

«Les forces de sécurité et la police n’ont pas tiré un seul coup de feu. Nous avons trouvé des preuves de la présence d’ennemis de la révolution, de groupes Takfiri [terme désignant les extrémistes islamistes sunnites, comme par exemple Daesh] et d’agents étrangers lors de ces affrontements.»

Le président iranien Hassan Rohani s’est quant à lui adressé à son gouvernement le 31 décembre, dans un discours cité par le média iranien Press TV. Au sujet du soutien affiché par Washington aux manifestations, il a déclaré :

«Cet homme d’Amérique, qui veut aujourd’hui sympathiser avec notre peuple, a oublié qu’il qualifiait la nation iranienne de terroriste il y a quelques mois.»

Et d’ajouter :

«Cette personne qui, de pied en cap, se dresse contre la nation iranienne n’a aucun droit de se sentir désolé pour le peuple iranien.»

Le ministre des Affaires étrangères iranien Bahram Qassemi a également dénoncé le 30 décembre le soutien de Washington, qu’il a taxé de «duplicité» et d’«opportunisme».

Les casseurs se sont infiltrés dans les rangs des manifestants samedi soir à Téhéran. ©ISNA

Deux jours après des violences qui ont émaillé les manifestations sociales dans quelques villes iraniennes et qui ont causé la mort de deux personnes à Doroud (province de Lorestan), des enquêtes menées par les forces de sécurité et de renseignement lèvent un coin de voile sur les dessous de la carte.

Les responsables du ministère iranien du Renseignement se sont penchés sur le double meurtre de samedi soir à Doroud, une ville située dans la province de Lorestan à l’ouest iranien. Le gouverneur de la province a confirmé la mort de ces deux personnes, tout en soulignant que les forces de l’ordre avaient reçu la consigne de disperser les manifestants dans le calme.

Samedi soir, en marge des manifestations, des éléments liés à l’Organisation des Moudjahidin-e Khalq (MEK) se seraient infiltrés dans les rangs des manifestants.

Ces éléments appartiendraient à un groupe d’une cinquantaine d’individus opérant secrètement depuis deux semaines dans divers quartiers de la ville. Samedi, alors que les forces de l’ordre avaient reçu la consigne de ne pas intervenir, quelques-uns d’entre eux ont attaqué un camion de pompier avant de forcer son conducteur à descendre. Le camion a été ensuite ramené sur une pente avant d’être lâché. Le véhicule dévale alors la pente avant de s’écraser sur une voiture garée au bord de la route avec deux passagers à bord : un homme et son fils qui se sont faits écraser.

Pour les responsables de renseignement de Lorestan, l’incident ne va pas sans rappeler les méthodes terroristes utilisées par Daech en France et plus particulièrement à Nice où un camion-bélier a foncé le 14 juillet 2016 sur la foule, provoquant la mort de 86 personnes.

Dimanche soir, le président Rohani a commenté les événements de ces derniers jours affirmant que le droit « constitutionnel » de tous les Iraniens à manifester leur mécontentent devrait être respecté mais qu’il y a une nette différence entre la violence et les revendications sociales. L’infiltration des « éléments bien organisés » a d’ailleurs donné lieu à des scènes d’une violence inouïe : dans l’une de ces scènes, un individu tente d’attaquer les forces de police à coup de couteau.

Dans la foulée, des interpellations ont eu lieu à Doroud:

« Après les avoir interrogés, les casseurs ont reconnu leurs liens avec la secte terroriste des Moudjahidin-e Khalq (MEK), affirment encore les responsables de la province de Lorestan. La secte des Moujaheddin du peuple a par ailleurs organisé dimanche une manifestation à Paris dans la banlieue parisienne où elle détient son bastion, à la faveur du soutien des autorités françaises. Dans la capitale française, une quarantaine de ses membres ont manifesté samedi  non loin de l’ambassade d’Iran, scandant des slogans contre ce qu’ils qualifiaient « d’ingérence iranienne en Syrie et au Liban ».

Les préoccupations économiques, les revendications salariales des Iraniens n’ont figuré que très marginalement dans les slogans du groupe.

Maryam Rajavi, chef de la secte de MEK en réunion à Riyad en présence de Turki Fayçal, ex-chef du Renseignement saoudien

La secte MDK se trouvait sur la liste européenne des organisations terroristes jusqu’en 2008 et sur la liste noire des USA jusqu’en 2012. À partir de cette date et consécutivement à la guerre lancée tour à tour contre la Syrie et l’Irak par Daech interposé, la secte a retrouvé sa grâce, aux yeux des Américains et des Européens.

Au seuil d’une visite qualifiée de cruciale du président français en Iran, les Iraniens suivent de près et avec une extrême sensibilité les agissements de MDK sur le territoire français.

L’opinion de l’analyste politique Bassam Tahan en vidéo :

La faction Sioniste en Israël et aux Etats-Unis aux manette de cette déstabilisation ? :

Lors d’une rencontre secrète à Washington, début décembre, les fonctionnaires américains et israéliens auraient signé un accord portant sur la coopération visant à empêcher Téhéran de consolider son influence au Moyen-Orient, selon la chaîne 10 de la télévision israélienne.

Au bout de deux jours de pourparlers, les États-Unis et Israël auraient signé une entente stratégique prévoyant la création de quatre groupes de travail pour contenir le programme balistique iranien et ce que le tandem américano-israélien qualifie d’ambition grandissante de l’Iran dans la région.

Cet accord fait suite au discours du président américain Donald Trump, le 13 octobre dernier, qui dévoilait une stratégie plus agressive pour contrôler la puissance croissante de l’Iran, annonçant qu’il ne certifierait pas l’accord nucléaire iranien conclu par l’administration Obama.

Pour le président du Centre russe d’études militaires et politiques, l’accord entre les États-Unis et Israël pour empêcher le renforcement de la présence iranienne dans la région est inefficace.

Washington et Tel Aviv ont décidé d’utiliser tous leurs moyens dans la région et dans le monde afin d’empêcher l’Iran de devenir le leader de la région, a-t-il déclaré à Ria Novosti.

« Actuellement, les États-Unis et Israël ont conjugué tous leurs efforts pour affaiblir l’Iran via l’argent et les moyens de l’Arabie saoudite et de certains de leurs alliés arabes », a-t-il ajouté.

( Pour rappel : En 2012, il a été rapporté qu’Israël avait utilisé l’organisation terroriste du MEK pour assassiner des scientifiques nucléaires en Iran )

Évoquant l’échec de l’accord entre Washington et Tel Aviv, il a indiqué que ni l’Arabie saoudite ni le tandem américano-israélien ne sont capables d’entrer en confrontation avec l’Iran et qu’ils sont par conséquent obligés de reconnaître la montée en puissance de l’Iran et de l’observer devenir leader de la région.

Ghada Houballah, géopoliticienne et Philippe Hugon, analyste politique nous donnent plus de détails à ce sujet.

Un ministre israélien encourage les manifestations en Iran, mais dément toute ingérence :

le ministre des renseignements israélien Yisrael Katz et Benyamin Netanyahou

Le 1er janvier, Yisrael Katz, ministre israélien des Renseignements, a adressé ses encouragements aux manifestations anti-gouvernementales contre les difficultés économiques en Iran.

Cité par Reuters, il a déclaré sur la station de radio de l’armée israélienne :

«Je ne peux que souhaiter la réussite au peuple iranien dans sa lutte pour la liberté et la démocratie.»
«Si le peuple réussit à obtenir la liberté et la démocratie, la plupart des menaces d’aujourd’hui sur Israël et la région entière disparaîtront», a-t-il lancé alors que l’Etat hébreu, grand rival régional de Téhéran, n’a de cesse de dénoncer la politique de l’Iran, affirmant qu’elle représente une menace pour Israël.

«Nous avons répondu aux Israéliens : nous restons en Syrie», aurait soutenu Washington :

D’après The Times of Israel, des responsables américains et israéliens se sont mis d’accord à la mi-décembre sur la constitution d’une équipe commune chargée de «gérer les activités iraniennes en Syrie».

Mise à Jour :

Le Conseil de sécurité iranien désigne les responsables des manifestations :

Le Conseil de sécurité iranien a dénoncé l’influence des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Arabie saoudite sur les manifestations de ces derniers jours dans le pays. Selon le secrétaire de cet organe consultatif, il s’agit d’une «guerre par procuration» contre le peuple iranien.

Le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale, Ali Shamkhani, a affirmé que les actions de protestation réalisées en Iran ces derniers jours, se déroulaient dans le cadre de la «guerre par procuration» menée par certains pays contre Téhéran, rapporte l’agence Tasnim.

Selon Ali Shamkhani, les hashtags et les messages à propos de la situation en Iran proviennent des États-Unis, du Royaume-Uni et d’Arabie saoudite.

«Selon notre analyse, environ 27% de nouveaux hashtags dirigés contre l’Iran sont développés par le gouvernement saoudien», a déclaré Ali Shamkhani, ajoutant que cette ingérence de l’étranger vise à ralentir le développement de l’Iran.

Selon lui, les protestations «se termineront dans quelques jours».

Ajouts :

Le Site anglais Thelastamericanvagabond.com rapporte : Les néo-conservateurs dans les médias américains et le président américain exigent tous que les Américains se tiennent aux côtés du « peuple iranien » et des « manifestants » dans leur « combat pour la liberté« .

La raison pour laquelle ce point de vue est familier est que nous l’avons déjà vu en Tunisie, en Égypte, en Libye et en Syrie dans le passé ainsi qu’en Iran même à la fin des années 2000. Les protestations qui deviennent violentes, une répression violente ou signalée comme telle, et le poids de la propagande américaine contre le gouvernement cible sont toutes des répétitions du « Printemps Arabe » qui ne sont elles-mêmes rien d’autre que la version arabe des révolutions  / déstabilisations de couleur utilisées par l’Empira anglo-sioniste dans les pays du monde entier depuis des décennies, en particulier au cours des vingt dernières années.

Articles ayant servi à la construction de l’articlehttps://francais.rt.com/international/46955-iran-10-morts-dans-manifestationshttp://www.presstv.com/DetailFr/2018/01/01/547449/IranDoroud-des-dessous-des-troubles-de-ruehttp://www.presstv.com/DetailFr/2017/12/31/547391/Accord-secret-amricanoisralien-contre-lIran https://francais.rt.com/international/46952-iran-ministre-israelien-encourage-manifestations-dement-ingerencehttps://fr.sputniknews.com/international/201801021034589688-iran-manifs-responsables/


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