Tentative de coup d’état au Venezuela: Mise au point de la situation

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La situation au Venezuela atteint un point d’ébullition avec un enchaînement de situations de «crises». Voici donc un article relatant chronologiquement les faits de ses derniers jours afin d’y voir plus clair :

 

21 Janvier 2019 : Le Venezuela à nouveau visé par une tentative de coup d’Etat militaire, 27 soldats arrêtés :

Visé par une tentative d’attentat en août, Nicolas Maduro entame son second mandat malgré les tentatives de déstabilisation. Dernière en date, un groupe de soldats appelant à le renverser a été arrêté après avoir volé des «armes de guerres».

Dans un communiqué publié ce 21 janvier et cité par l’AFP, le ministère de la Défense du Venezuela a annoncé que les forces de sécurité vénézuéliennes avaient procédé à l’arrestation d’un «groupe réduit d’assaillants» de la Garde nationale bolivarienne responsable d’un vol d’«armes de guerres» dans un poste militaire à Petare, près de Caracas. Selon ce même communiqué, citant le ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino Lopez, ces individus subiront «tout le poids de la loi». Ils ont été livrés aux services de renseignement et devront répondre de leurs actes devant la justice militaire.

Quelques heures plus tôt, le groupe avait réussi à prendre le contrôle d’une caserne de Cotiza, dans le nord de la capitale, où les militaires avaient pris en otage deux officiers et deux soldats. C’est dans ce lieu qu’ils avaient par la suite enregistré une vidéo dans laquelle ils incitaient la population à se lever contre le président Nicolas Maduro.

«Nous sommes des soldats professionnels de la Garde nationale opposés à ce régime que nous désavouons complètement, nous avons besoin de votre soutien, descendez dans la rue», avait déclaré un homme qui affirmait face caméra être un sergent de la Garde nationale. Quelques habitants du quartiez de Cotiza se sont rassemblés, avant d’être dispersés par la police et des militaires. Le mouvement de rébellion, lui, ne s’est pas étendu aux autres unités militaires.

Déployées autour de la caserne, la police et l’armée ont procédé à l’arrestation du groupe de soldats, qui a décidé de se rendre après avoir opposé une «ferme résistance».

«Ils ont été neutralisés, se sont rendus et ont été arrêtés en un temps record, ils sont en train de donner des informations. Ce qu’ils ont dit en premier, c’est qu’on leur avait offert des villas, des châteaux et qu’ils ont été laissés seuls, qu’ils ont été trompés. Nous vaincrons !», s’est félicité Diosdado Cabello, président de l’Assemblée constituante, sur Twitter. Il a ajoute que 27 militaires avaient été arrêtés.

Cette tentative de coup d’Etat intervient seulement dix jours après la cérémonie d’investiture de Nicolas Maduro. Réélu le 20 mai 2018 pour un deuxième mandat, le président vénézuélien fait face aux pressions d’une partie de la communauté internationale, les Etats-Unis en tête. A l’instar de ses alliés sud-américains et européens, Washington ne reconnaît pas la légitimité du successeur d’Hugo Chavez, pourtant élu par les urnes, dans ce pays qui possède des réserves de pétrole parmi les plus importantes au monde.

Un énième coup de force militaire mis en échec :

Ce n’est pas la première fois que les autorités vénézuéliennes mettent en échec une attaque fomentée contre Nicolas Maduro. Le 4 août, en pleine cérémonie militaire retransmise en direct sur la télévision publique vénézuélienne, le chef de l’Etat vénézuélien avait dû interrompre son discours, alors qu’une explosion retentissait non loin de l’estrade présidentielle. «Un objet volant a explosé devant moi, une grande explosion», avait par la suite décrit le chef de l’Etat du Venezuela.

L’attaque avait été revendiquée quelques heures plus tard par un groupe rebelle se faisant appeler «Mouvement national des soldats en chemise», inconnu jusqu’alors et qui serait composé de civils et de militaires. Dès le lendemain, le gouvernement vénézuélien affirmait que Washington avait servi de base arrière à l’attentat manqué, ce qu’avait démenti les Etats-Unis.

Son prédécesseur, Hugo Chavez, avait également essuyé une tentative de renversement militaire en 2002. Avec la bénédiction de Washington et une couverture très partiale des grands médias privés du pays, des soldats sous les ordres de Pedro Carmona, un homme d’affaires et opposant au pouvoir, avaient ainsi temporairement démis le leader bolivarien. Détenu pendant près de 48 heures, ce dernier avait par la suite réussi à être réinvesti dans ses fonctions grâce à une importante mobilisation populaire et au refus de l’ensemble des officiers de l’armée de soutenir les rebelles.

Malgré ce coup de force anti-démocratique, Hugo Chavez, a été confronté comme Nicolas Maduro, à l’hostilité des Etats-Unis qui n’ont jamais caché leur souhait de voir le Venezuela être dirigé par l’opposition de droite libérale, et ce peu importe le procédé utilisé…
Composée de 365 000 soldats et 1,6 million de réservistes, l’armée, élément clé de tout coup d’Etat, a assuré à plusieurs reprises sa loyauté envers le chef de l’Etat depuis sa première investiture.

 

23 Janvier 2019 : L’opposant Juan Guaido s’autoproclame Président du Vénézuela, Donald Trump l’approuve :

Le pro-américain Juan Guaido s’est auto-proclamé « président par intérim » du Venezuela. Quelques minutes plus tard, Donald Trump le reconnaissait comme tel.

Donald Trump a reconnu le chef de l’opposition vénézuélienne Juan Guaido «président par intérim» quelques instants seulement après que ce dernier se soit lui-même octroyé cette fonction au cours d’une journée de manifestation pro et anti-Maduro.

Le président américain a apporté son soutien au président de l’Assemblée nationale et chef de l’opposition vénézuélienne Juan Guaido après que ce dernier s’est autoproclamé «président par intérim», le 23 janvier devant des milliers de partisans réunis à Caracas.
«Le président [Donald Trump] a reconnu officiellement le président de l’Assemblée nationale vénézuélienne, Juan Guaido, comme le président par intérim du Venezuela», a communiqué sur Twitter la Maison Blanche.

Le jeune opposant a par ailleurs dit vouloir s’appuyer sur l’armée pour l’aider à remplacer Nicolas Maduro et organiser des élections libres.

Avant cette annonce, des milliers de manifestants, à la fois des opposants, mais aussi des soutiens du président Nicolas Maduro, étaient descendus dans les rues du pays le 23 janvier, répondant à des appels lancés par les leaders des deux camps.

 

23 Janvier 2019 : «72 heures pour quitter le pays» : Maduro annonce que le Venezuela rompt ses relations avec les USA :

Nicolas Maduro au balcon du palais présidentiel le 23 janvier.

Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a déclaré le 23 janvier qu’il rompait les relations diplomatiques avec les Etats-Unis, après que l’administration Trump a reconnu le chef de l’opposition, Juan Guaido, au poste de président par intérim du pays sud-américain. S’adressant à des partisans devant le palais présidentiel de Miraflores à Caracas, le dirigeant socialiste a aussi annoncé qu’il donnait 72 heures au personnel diplomatique américain pour quitter le Venezuela.

«J’ai décidé de rompre les relations diplomatiques et politiques avec le gouvernement impérialiste des Etats-Unis. Dehors ! Qu’ils s’en aillent du Venezuela, ici il y a de la dignité, voyons !», a notamment proclamé Nicolas Maduro.

Dans son discours, Nicolas Maduro a accusé Washington de «coup d’Etat» et appelé les militaires à rester unis et à maintenir leur discipline. «Je demande à l’armée, aux militaires de notre patrie, aux Forces armées nationales, la plus grande loyauté, la plus grande union, la plus grande discipline, nous allons gagner aussi ce combat. Loyaux toujours, traîtres jamais !», a-t-il ainsi ajouté devant les manifestants pro-Maduro.
Des milliers de manifestants, à la fois des opposants, mais aussi des soutiens du président Nicolas Maduro, sont descendus dans les rues du pays le 23 janvier, répondant à des appels lancés par les leaders des deux camps.

( Note Exoportail : Je vous recommande l’article suivant qui explique comment les institutions bancaires internationales s’acharnent à détruire le Venezuela et que les difficultés du pays ne sortent pas de nul part : https://exoportail.com/comment-la-banque-internationale-sacharne-a-ruiner-le-venezuela/ )

 

24 Janvier 2019 : Venezuela : quels sont les Etats qui soutiennent Maduro et ceux qui soutiennent Guaido ? :

Dans le sillage des Etats-Unis, le groupe de Lima a reconnu Juan Guaido comme «président par intérim». L’UE adopte une position plus ambigüe. Et de Moscou à Pékin, de nombreuses voix s’élèvent pour soutenir le gouvernement de Nicolas Maduro.

Le gouvernement de Nicolas Maduro est confronté à une crise majeure, après l’autoproclamation du président du Parlement, Juan Guaido, au poste de «président par intérim» du Venezuela, le 23 janvier. Une décision immédiatement soutenue par Washington, qui a dans la foulée de son annonce, reconnu cet opposant pro-américain comme représentant légitime du pays.

Cette tentative de «coup d’Etat» selon les termes employés par l’ambassadeur du Venezuela en France, constitue le dernier et plus flagrant épisode d’une longue liste d’évènements qui visent à renverser Nicolas Maduro. Mais le président vénézuélien est loin d’être isolé sur la scène internationale. Il peut en effet compter sur le soutien de nombreux Etats.

Haro sur l’ingérence américaine :

La Russiepar la voix de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, a ainsi fait savoir qu’elle continuerait de «protéger la souveraineté du Venezuela» et le «principe de non-ingérence dans ses affaires intérieures», dans des propos rapportés par l’AFP. Moscou «soutient et soutiendra» le Venezuela, a-t-il martelé. Le chef de la diplomatie russe a en outre fermement dénoncé le comportement des Etats-Unis, estimant qu’il s’agissait d’«une nouvelle démonstration de leur mépris total des normes et principes du droit international». Il a appelé les leaders de l’opposition à ne pas «devenir des pions dans le jeu d’échec de quelqu’un d’autre».

( Note ExoPortail : À 17h : Vladimir Poutine a exprimé son «soutien» à Nicolas Maduro dans un entretien téléphonique «dans les conditions de l’aggravation d’une crise politique, provoquée de l’extérieur», selon un communiqué du Kremlin. Le président russe a tenu à dénoncer une «ingérence extérieure destructrice qui bafoue de manière grossière les normes fondatrices du droit international». Nicolas Maduro a quant à lui «remercié la Russie pour sa position de principe», toujours d’après la même source. Les deux dirigeants ont «confirmé leur volonté mutuelle de poursuivre la coopération russo-vénézuélienne dans différents domaines». )

«Nous considérons la tentative d’usurpation de pouvoir au Venezuela […] comme une violation du droit international», a renchérit le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, face à des journalistes, avant d’insister sur le fait que Nicolas Maduro était «le chef de l’Etat légitime» du pays d’Amérique du Sud.

Une position partagée par Pékin, qui a annoncé son opposition à toute ingérence dans les affaires intérieures de Caracas et son soutien au gouvernement légitime du pays dans la résolution de la crise. «Nous suivons de près la situation au Venezuela et invitons toutes les parties à faire preuve de retenue. La Chine soutient le gouvernement vénézuélien dans ses efforts pour maintenir la stabilité, préserver la souveraineté et l’indépendance. Nous adhérons toujours au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays et nous nous opposons à toute ingérence dans les affaires intérieures du Venezuela», a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, Hua Chunying, lors d’un point de presse.

Même son de cloche du côté de Téhéran, qui, selon les propos du porte-parole du ministre des Affaires étrangères cités par Press TV, «soutient la nation vénézuélienne et son gouvernement légitime face à toute ingérence étrangère dans ses affaires intérieures». Le diplomate a également exprimé son espoir de voir les différends se régler pacifiquement.

Le président turc Recep Erdogan a quant à lui directement appelé son homologue Nicolas Maduro pour lui exprimer sa solidarité. «Notre président a appelé et fait part du soutien de la Turquie au président vénézuélien Nicolas Maduro. Il a déclaré : « Mon frère Maduro! Tenez-bon, nous sommes à vos côtés! »», a ainsi confié le porte-parole de la présidence turc Ibrahim Kalin dans un message sur Twitter.

Un autre soutien appuyé est venu de la part de Damas, dont une source au sein du ministère des Affaires étrangères citée par Sana a fustigé «l’ingérence non dissimulée de l’administration américaine dans les affaires intérieures du Venezuela», qui représente «une violation grossière du droit international et une agression non dissimulée contre la souveraineté vénézuélienne».

Cuba, en la personne de son ministre des Affaires étrangères Bruno Rodriguez, a exprimé son soutien à Nicolas Maduro. «Soutien ferme et solidarité de Cuba au président constitutionnel Nicolas Maduro face à la tentative de coup d’Etat. La volonté souveraine du peuple du Venezuela prévaudra face à l’intervention impérialiste. L’histoire jugera ceux qui encouragent et reconnaissent l’usurpation putschiste», a déclaré Bruno Rodriguez sur Twitter.

Sur le continent américain où il fait face à l’opposition du groupe de Lima, Nicolas Maduro dispose également de quelques soutiens de poids. «Nous reconnaissons les autorités élues selon la constitution vénézuélienne», a ainsi fait savoir le porte-parole du président socialiste du Mexique, Andres Manuel Lopez Obrador, dans des propos rapportés par l’AFP. Le président bolivien, Evo Morales, a lui dénoncé une attaque impérialiste contre le Venezuela, dans un message diffusé sur Twitter, avant d’exprimer sa solidarité avec le peuple vénézuélien, notant: «Les pays de l’Amérique latine ne seront plus l’arrière-cour des Etats-Unis.»

«L’Amérique latine caribéenne, ce berceau de grandes et brillantes personnalités, fait montre de dignité et de grandeur face à l’empire… Ici personne ne se rend. Vive le Venezuela! Vive Chavez! Vive Nicolas!», a de son côté tweeté le gouvernement de réconciliation et d’unité nationale du Nicaragua.

Les Etats-Unis et le groupe de Lima reconnaissent Juan Guaido :

A l’origine de cette crise, les Etats-Unis ont été les premiers, par la voix de leur président Donald Trump, à reconnaître «officiellement le président de l’Assemblée nationale vénézuélienne, Juan Guaido, comme président par intérim du Venezuela», selon un communiqué du président.

Washington entretient des relations très tendues avec Caracas depuis l’arrivée au pouvoir en 1999 de Hugo Chavez, prédécesseur de Nicolas Maduro. Elles se sont encore dégradées récemment, Donald Trump refusant de reconnaître la légitimité de ce dernier.
Les alliés de Washington dans la région lui ont emboîté le pas : le Brésil de Jair Bolsonaro, qui affiche constamment son hostilité à Nicolas Maduro, «reconnaît Juan Guaido comme président», a annoncé son ministère des Affaires étrangères. Outre le Brésil, dix autres pays membres du groupe de Lima, en conflit ouvert avec le gouvernement de Nicolas Maduro, ont également reconnu Juan Guaido comme dirigeant légitime du pays : l’Argentine, le Canada, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, le Guatemala, le Honduras, le Panama, le Paraguay et le Pérou. «Nous appuyons son engagement à conduire le Venezuela à des élections présidentielles libres et équitables», a fait savoir la ministre des Affaires étrangères canadienne, Chrystia Freeland.

Contrairement aux Etats-Unis et aux alliés des Américains dans la région, les Européens n’ont pas reconnu explicitement le président du Parlement vénézuélien, comme chef de l’Etat par intérim. L’UE s’est en effet contentée d’appeler à écouter la «voix» du peuple du Venezuela et de réclamer des élections libres. «Le 23 janvier, le peuple vénézuélien a massivement réclamé la démocratie et la possibilité de déterminer librement son propre destin», a-t-elle déclaré.

«Sa voix ne peut être ignorée», a déclaré la Haute représentante de l’UE, Federica Mogherini, au nom des 28, en référence à la manifestation contre le gouvernement. «L’UE appelle à l’ouverture immédiate d’un processus politique débouchant sur des élections libres et crédibles, conformément à l’ordre constitutionnel», a-t-elle précisé.

Le président français Emmanuel Macron a tenu à saluer dans un tweet «le courage des centaines de milliers de Vénézuéliens qui marchent pour leur liberté» face à «l’élection illégitime de Nicolas Maduro» et assuré que l’Europe soutenait «la restauration de la démocratie».

( Note ExoPortail : La vaste blague, et par contre ceux qui font la même chose en France ça t’évoque un truk ? )

 

Note ExoPotail : Pour terminer et pour ceux et celles qui voudraient aller plus loin voici une analyse à laquelle je suis globalement en accord ( pas tout ) afin de mieux saisir les rouages des déstabilisations successives du Venezuela :

Face au refus du Groupe de Lima de reconnaître l’élection du président vénézuélien, le journaliste Romain Migus décortique ce qui est, pour lui, une énième tentative de destabilisation de Caracas par Washington.

L’investiture de Nicolas Maduro, en date du 10 janvier, à provoqué des remous politiques et médiatiques. Élu le 20 mai 2018, le président vénézuélien doit faire face à une opération concertée et planifiée des Etats-Unis et de leurs alliés. Prenant pour prétexte initiale les conditions électorales qui ont permis la victoire de Maduro, une poignée de gouvernements, repeinte pour l’occasion en «communauté internationale» par le truchement des transnationales de la communication, a décidé d’augmenter d’un cran la pression sur le Venezuela bolivarien.

Comme c’est devenu l’habitude dans le cas du Venezuela, la plupart des médias dominants se vautre dans les fausses informations et oublie jusqu’au sens même de la déontologie journalistique.

Il convient, pour le lecteur scrupuleux et avide de démêler le vrai du faux, d’exposer les faits, de revenir sur les conditions de l’élection de Maduro, et d’analyser la stratégie de Washington pour punir un peuple jugé, depuis maintenant 20 ans, trop rebelle et encombrant.

Des prétextes fallacieux pour une nouvelle offensive politique :

Dans ce nouveau scénario de déstabilisation du Venezuela, les justifications principales invoquées par les gouvernements opposés à Caracas tournent toutes autour des conditions de l’élection de Nicolas Maduro en mai dernier.

Afin de comprendre ces prétextes fallacieux, il nous faut revenir un peu en arrière.

En mai 2016, quelques mois après la victoire de l’opposition aux élections législatives, un processus de dialogue entre le chavisme et ses opposants a débuté en République Dominicaine. Une série de 150 réunions, sous l’égide de l’ancien président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, de l’ancien président de la République Dominicaine, Leonel Fernandez et l’ancien président du Panama, Martin Torrijos, a abouti en janvier 2018, à la rédaction d’un accord portant sur la convocation à une élection présidentielle anticipée ainsi que sur ses garanties électorales.

Or comme l’a souligné Jorge Rodriguez, chef de la commission de dialogue pour le gouvernement : «Tout était prêt [pour la signature de l’accord] jusqu’au pupitre où nous devions faire nos déclarations officielles. Et puis, dans l’après-midi, Julio Borges, l’ancien président de droite de l’Assemblée nationale, a reçu un appel téléphonique de la Colombie de l’ancien secrétaire d’État américain, Rex Tillerson […] L’opposition nous a alors annoncé qu’elle ne signerait pas l’accord. De retour à Caracas, José Luis Rodriguez Zapatero a envoyé une lettre à l’opposition pour lui demander quelle était son alternative dès lors qu’elle refusait de participer à une élection présentant les garanties sur lesquelles elle avait elle-même travaillé.»

L’opposition vénézuélienne se scinde sur la stratégie à adopter. Alors que sa frange la plus radicale décide de ne pas participer, la partie de l’opposition qui n’a pas renoncé à reconquérir le pouvoir par la voie démocratique présentera un candidat, Henri Falcón. Deux autres prétendants participeront à cette élection. Il est donc tout simplement faux de prétendre que l’opposition a boycotté ce scrutin ou que Nicolas Maduro s’est présenté tout seul. Il s’agit là d’un story-telling obéissant à des desseins politiques bien peu démocratiques.

Un système électoral transparent et démocratique :

Une des rengaines de Washington et de ses satellites latino-américains ou européens est d’affirmer que les élections au Venezuela ne s’alignent pas sur les standards internationaux en la matière. Ce qui est évidemment faux, mais nécessaire dans ce processus politico-médiatique visant à ne pas reconnaître la légalité de l’élection du 20 mai 2018, et la légitimité du résultat. Pour saisir l’hypocrisie de ces gouvernements sur le pied-de-guerre, attardons nous un instant sur les conditions électorales offertes au peuple vénézuélien depuis l’approbation par référendum de la Constitution bolivarienne, le 15 décembre 1999. Notre lecteur pourra aisément se faire une idée de la transparence des élections au Venezuela en comparant  ces mécanismes  électoraux avec ceux à l’oeuvre dans son propre pays.

Au Venezuela, pour éviter les fraudes, les élections ne sont pas organisées par l’exécutif via le ministère de l’intérieur. La Constitution de 1999, qui reconnaît l’existence de cinq pouvoirs indépendants – l’exécutif, le législatif, le judiciaire, le moral et le pouvoir électoral- laisse à ce dernier la tâche d’organiser les processus électoraux, en fonction de la Loi organique des processus électoraux.

Ce cadre légal, adopté en 2009, n’a pas été modifié depuis. Il a notamment permis l’élection de multiples représentants de l’opposition à des pouvoirs publics. Aucun d’entre eux n’a d’ailleurs jamais émis de doute sur le bon déroulement du suffrage qui l’a donné vainqueur, et l’opposition n’a elle-même jamais remis en cause le cadre légal des processus électoraux. Ce qu’elle aurait pourtant pu faire au moyen d’un référendum d’initiative citoyenne, prévu pour abroger des lois par l’article 74 de la Constitution. Elle s’est toujours contentée de dénoncer les résultats des élections lorsqu’elle perdait, ou préventivement lorsqu’elle savait qu’elle allait perdre.

En ce qui concerne le vote des citoyens, le Venezuela utilise un double système électronique et manuel. Lorsqu’on entre dans le bureau de vote, on s’identifie aux assesseurs avec sa carte d’identité et l’on active la machine à voter au moyen d’une reconnaissance biométrique. Il est donc impossible de voter deux fois. Après avoir choisi le candidat de son choix, la machine à voter émet un ticket avec le nom du candidat, que l’électeur place dans une enveloppe et dépose dans une urne. Pour finir, après avoir signé le registre électoral, il trempe son petit doigt dans de l’encre indélébile pour s’assurer une deuxième fois qu’il ne répètera pas son vote.

Dans les jours précédant l’élection, Le Centre National Electoral (CNE), organe recteur du pouvoir électoral, convoque tous les partis politiques participants à l’élection à une série de 14 audits préalables. Ainsi, sont mis à l’épreuve les listes d’électeurs, le logiciel utilisé pour la collecte des données électorales, les machines à voter ainsi que leur mode d’assemblage, le système biométrique de reconnaissance des électeurs, l’encre indélébile, le réseau de transmission des données électorales ainsi que le système de totalisation des données. Des observateurs de chaque parti politique participent à ces différents audits précédant le vote des citoyens. Chaque étape doit être approuvée préalablement par tous les participants pour assurer la plus grande transparence de l’élection. Et de fait, elles ont toujours été acceptées jusqu’à maintenant. Ajoutons à cela que tous les partis politiques en présence ont le droit de postuler leurs partisans comme assesseurs, ainsi que de faire participer les observateurs nationaux et internationaux de leurs choix à la surveillance des bureaux de vote.

Le soir des résultats, le CNE procèdera à un nouvel audit où seront tirés au sort, devant les responsables des différents partis, 54,4% (au minimum selon la loi) des bureaux de vote ou l’on vérifiera le résultat électronique. Il s’agira alors de comparer les résultats obtenus dans l’urne après dépouillement avec le résultat électronique. Jamais une erreur n’a été détectée au cours des multiples processus électoraux.

Ces garanties pour blinder le résultat a conduit l’ancien président étasunien Jimmy Carter à définir le système électoral vénézuélien comme étant «le meilleur du monde». Ce sont les mêmes procédures qui ont assuré la transparence de toutes les élections au Venezuela, que se soit par exemple, pour les élections législatives du 5 décembre 2015 (gagnées par l’opposition) ou pour l’élection présidentielle du 20 mai 2018 (gagné par le chavisme).

Comme on peut le voir, le Venezuela apporte plus de garanties électorales que dans de nombreux pays occidentaux, pour ne pas parler des pays du groupe de Lima. La transparence de l’élection de Nicolas Maduro a d’ailleurs été validée par plus de 2000 observateurs internationaux provenant notamment de la Communauté Caribéenne (Caricom), de l’Union Africaine et du Conseil des Experts Electoraux Latino-Américains (Ceela).

Au vu de ce système, on comprend aussi pourquoi une partie de l’opposition a refusé de se présenter à une élection qu’elle aurait perdue. Accepter de participer aux élections revient à s’associer aux audits et à valider la transparence du système électoral vénézuélien. Ce refus de prendre part au processus démocratique a ouvert la voie à la tentative de déstabilisation que nous voyons aujourd’hui.

Au soir de l’élection présidentielle :

Au delà des garanties électorales, les pays qui contestent la légitimité du président vénézuélien s’emploient à critiquer les résultats de l’élection présidentielle. Une fois encore, il ne s’agit que d’un prétexte pour légitimer la déstabilisation du Venezuela. Attardons nous un instant sur ces résultats.

L’élection présidentielle au Venezuela est une élection au suffrage universel direct à un tour. Le président est élu non pas en fonction d’accords parlementaires ou par le choix de «grands électeurs» mais directement par le peuple.

Le 20 mai 2018, 9 389 056 électeurs se sont exprimés dans les urnes, soit 46,07% des citoyens inscrits sur les listes électorales. Le taux d’abstention élevé est encore aujourd’hui utilisé par les adversaires de la Révolution Bolivarienne pour disqualifier la victoire de Nicolas Maduro. Bien évidemment aucun de ces critiques ne mentionnera les dizaines de sanctions financières et de rétorsions à l’économie du pays depuis 2014. Une persécution qui a fortement découragé nombre de Vénézuéliens, et a augmenté leur défiance face à une solution électorale de sortie de crise. De plus, l’appel au boycott des urnes par plusieurs partis de l’opposition a eu aussi une conséquence sur le taux de participation.

Malgré cela, 30,45% des électeurs inscrits ont voté pour Nicolas Maduro au premier tour. Soit un résultat supérieur à ceux du président chilien Sebastián Piñera (26,5%), du président argentin Mauricio Macri (26,8%) ou du président Donald Trump (27,20%). Sans parler des scores réalisés au premier tour par le président colombien (21%) ou par le président Emmanuel Macron (18,19%). Personne évidemment ne conteste la légitimité de leurs élections malgré la faible proportion d’électeurs qui les a choisi.

Une stratégie coordonnée et planifiée depuis Washington :

Dès l’élection de Nicolas Maduro, les Etats-Unis vont renforcer la coalition contre le Venezuela dans la région. Le 27 juin 2018, le vice-président américain, Mike Pence, annonçait déjà la couleur depuis le Brésil : «La liberté et la démocratie seront restaurés au Venezuela. Les Etats-Unis demande au Brésil d’adopter une attitude ferme contre le régime de Nicolas Maduro.» Lui faisant écho, le secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, affirmera, le 21 septembre 2018, que les Etats-Unis «continueront d’accroître le niveau de pression» contre le pays bolivarien. Ce même Pompeo réalisera plusieurs rencontres avec les responsables des gouvernements brésiliens, péruviens et colombiens afin de préparer l’opération du 10 janvier.

Mais c’est la réunion du Groupe de Lima, tenue le 4 janvier 2019, qui va véritablement définir le scénario. Au cours de ce cénacle, les gouvernements membres de cette internationale anti-bolivarienne, se sont accordés sur une série d’actions à mener contre Caracas. Notons que le gouvernement mexicain, désormais dirigé par le président progressiste Andrés Manuel López Obrador, n’a pas souscrit à ce document et a réaffirmé la volonté de son pays de ne pas s’immiscer dans les affaires internes d’une autre nation, tranchant avec les positions bellicistes du gouvernement précédent et du groupe de Lima.

Le document approuvé à Lima est une véritable déclaration de guerre. En présence du secrétaire d’Etat des Etats-Unis (par visio-conférence), les gouvernements opposés à la révolution bolivarienne se sont entendus pour augmenter la pression diplomatique contre le Venezuela, et persévérer dans leur intention de faire ouvrir une enquête à la Cour Pénale Internationale contre l’Etat vénézuélien. Une demande soutenue, d’ailleurs, par la France.

Les membres du groupe de Lima condamnent la crise économique au Venezuela mais adoptent une résolution pour renforcer le blocus financier contre ce pays. Le texte adopté prévoit d’établir des listes de personnalités juridiques avec lesquels ces pays «ne devront pas travailler, devront empêcher l’accès à leur système financier, et si nécessaire congeler leurs actifs et ressources économiques». De même, la résolution oblige les pays membres du groupe de Lima à faire pression sur les organismes financiers internationaux auxquels ils appartiennent pour empêcher l’octroi de nouveaux crédits à la république bolivarienne du Venezuela.

Plus surprenant encore, cette déclaration commune exige que le gouvernement «de Nicolas Maduro et les Forces Armées du Venezuela renoncent à tous types d’actions qui violeraient la souveraineté de ses voisins». Cette accusation se base sur une réaction récente du Venezuela à une exploration pétrolière autorisée par le Guyana dans une zone territoriale réclamée par les deux nations voisines. Il s’agit là encore d’un prétexte qui fait écho à des fait dénoncés par le président du Venezuela, le 12 décembre 2018.

Lors d’une allocution télévisée, Nicolas Maduro avait dévoilé la présence de 734 mercenaires sur les bases militaires d’Eglin en Floride et de Tolemaida en Colombie. Leur but étant d’agresser le Venezuela ou de préparer une attaque sous faux drapeau dans le but de justifier une intervention militaire contre la nation bolivarienne. Maduro révèlera aussi que le conseiller national à la sécurité des Etats-Unis, John Bolton a incité le nouveau vice-président brésilien, Hamilton Mourao, à organiser des provocations militaires à la frontière avec le Venezuela. La déclaration du Groupe de Lima semble donc renforcer les suspicions d’agression émises par l’État vénézuélien.

Après avoir rappeler que l’élection de Nicolas Maduro était illégitime, le groupe de Lima exhorte le président vénézuélien à ne pas assumer la présidence et à «transférer le pouvoir exécutif, de manière provisionnel, à l’Assemblée nationale». Peu importe que Nicolas Maduro ait été élu grâce au même système électoral qui a permis l’élection du pouvoir législatif. Le but recherché par Washington et ses alliés n’est pas d’ordre démocratique, il est politique : remettre l’opposition à la tête du pays pétrolier.

Cette tentative de coup d’Etat institutionnel, déjà mise en œuvre dans d’autres pays de la région, s’inscrit dans une stratégie de substitution des pouvoirs politiques légitimes. Dés juillet 2017, en toute illégalité, l’opposition a crée un Tribunal Suprême de Justice «en exil» basé au Panama, ainsi qu’un poste de Procureur Général de la Nation «en exil» depuis Bogota. Ces instances fantoches essaient depuis de se substituer aux pouvoirs légitimes vénézuéliens.

En lien avec une Assemblée nationale, elle même déclarée en outrage judiciaire en mars 2017, ces parodies de pouvoirs publics réaliseront un simulacre de procès depuis le siège du Parlement colombien (sic), et condamneront le président vénézuélien Nicolas Maduro à une peine de 18 ans et 3 mois de prison.

Pour illustrer cette situation saugrenue, imaginons un instant qu’un groupe de Gilets jaunes français désigne un Garde des Sceaux et une Cour de Cassation «en exil» et que, celles-ci organisent un simulacre de procès pour condamner Emmanuel Macron à 18 ans de prison depuis la Douma russe. Cela prêterait à sourire, mais que ce passerait-il si plusieurs états de par le monde reconnaissaient comme légitimes ces pouvoirs judiciaires «en exil» ? Il y a fort à parier que l’on entendrait un grand nombre de voix crier, à juste titre, à l’ingérence étrangère voire à la tentative de coup d’Etat. L’exemple que nous venons de mentionner peut paraître ridicule mais c’est bien ce qui est en train de se dérouler au Venezuela.

Il ne faut pas prendre ces manœuvres à la légère. L’attentat manquée au moyen d’un drone chargé de C4, qui a eu lieu le 4 août 2018, ne visait pas seulement à éliminer Nicolas Maduro mais tous les pouvoirs publics de la nation, dans le but de leur substituer leurs homologues fantoches et illégaux. La constitution de pouvoirs parallèles n’est pas un cirque politico-médiatique mais fait partie intégrante d’un coup d’Etat institutionnel en préparation.

De même, déclarer Nicolas Maduro illégitime est un message virulent pour les principaux partenaires économiques de Caracas (la Chine, la Russie ou la Turquie) leur notifiant que les accords signés avec le gouvernement bolivarien ne seront pas reconnus dès lors que Nicolas Maduro aura été renversé. Un conflit avec le pays caribéens  pourrait avoir des répercutions bien au delà de ses frontières. Sergueï Riabkov, le vice-ministre des Affaires étrangères russes a, en ce sens, appelé «les exaltés de Washington à ne pas tomber dans la tentation d’une intervention militaire» au Venezuela.

D’autre part, c’est aussi un message destiné aux forces armées nationales car, si  le président Maduro est illégitime, cela revient à décapiter le pouvoir militaire de son commandant en chef.

C’est dans cet optique qu’il convient de décrypter le scénario élaboré par les Etats-Unis et ses alliés. En conformité avec la résolution du Groupe de Lima, l’Assemblée Nationale du Venezuela, en outrage judiciaire et dont les décisions sont nulles et non avenues, a déclaré que la prise de fonction de Nicolas Maduro était une «usurpation de pouvoir». En conséquence, elle s’apprête illégalement à assumer le pouvoir exécutif durant «une période de transition». Le 8 janvier, une loi sur la transition a été discuté au sein de l’hémicycle vénézuélien dans le but de s’emparer du pouvoir exécutif à partir du 10 janvier, expliquant les événements décrits en amont de l’article,

Le décor est planté. L’épreuve de force imminente. Reste à savoir quelles personnalités politiques et médiatiques justifieront la violation de la souveraineté du Venezuela et le non respect de ses institutions.

Source : https://francais.rt.com/international/58249-venezuela-nouveau-vise-par-tentative-coup-etat-militaire-27-soldats-arreteshttps://francais.rt.com/international/58296-venezuela-soutenu-par-etats-unis-opposant-juan-guaido-autoproclame-president-pays https://francais.rt.com/international/58310-72-heures-pour-quitter-pays-maduro-venezuela-rompt-relations-etats-unis / https://francais.rt.com/international/58361-venezuela-quels-sont-etats-qui-soutiennent-maduro-ceux-qui-soutiennent-guaido / https://francais.rt.com/opinions/57702-tout-comprendre-nouvelle-offensive-contre-venezuela


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