Les pharmaciens étaient autorisés à vendre des masques depuis fin mars et ne le savaient pas car l’administration s’était bien gardée de leur dire

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Depuis début mars, ils en étaient persuadés : les pharmaciens avaient interdiction totale de vendre des masques aux particuliers. Ils encouraient même 6 mois de prison et 10 000 euros d’amende, comme certains l’ont affiché dans leurs officines. Mais on découvre aujourd’hui qu’en réalité, ils avaient le droit de vendre des masques depuis fin mars, et l’administration s’était bien gardée de leur dire !  

 

Le 23 mars, le gouvernement décrète que tous les masques présents en France sont réquisitionnés. Saïd Sediame, pharmacien à Créteil, comprend qu’il ne peut plus en vendre: «Je suis un peu gêné à chaque fois que j’ai un client qui se présente, il me demande ne serait-ce qu’un seul masque : je ne peux pas lui donner.»

Pas de masques pour les particuliers en pharmacie, une consigne répétée par le gouvernement :

«Non, les français ne pourront pas acheter de masques dans les pharmacies,» affirme la porte-parole Sibeth N’diaye le 17 mars. «Si on commence à ouvrir la vente en pharmacie, ce sera une vente qui sera vite tarie,» ajoute Olivier Véran le 19 avril.

 

«Beaucoup de pharmaciens découvrent qu’on leur a menti»

Pourtant, un document du ministère de la santé daté du 30 avril apporte une précision qui change la donne : «ne sont pas concernés [par l’interdiction de vente du 23 mars] les stocks de masques importés depuis cette date». En clair, contrairement à ce que pensaient les pharmaciens, depuis fin mars, ils étaient libres d’importer des masques pour les vendre, dans la limite de 5 millions par trimestre et par entreprise.

Le Conseil d’Etat l’a confirmé le 5 mai. «Il y a beaucoup de pharmaciens qui tout à coup découvrent qu’on leur a menti depuis le 24 mars,» analyse Me Fabrice Di Vizio, qui en représente certains. «Mais in fine, ça reste le patient, ça reste la population, qui a été privée de ces masques dont elle avait cruellement besoin.»

Comme l’a révélé le site d’information Reflets, pendant que l’épidémie faisait rage, des milliers de pharmaciens auraient renoncé à commander des masques… par crainte, injustifiée, d’être hors-la-loi. Il y a un mois, Audrey Lecoq, une grossiste en matériel médical qui en avait importé 1 million d’Espagne et du Portugal, n’a pas réussi à convaincre ses clients pharmaciens de lui en acheter. «Je leur ai fourni le décret, je leur ai fourni une consultation de mon avocat leur disant ‘vous avez le droit de vendre des masques’, mais on s’est retrouvés avec un conseil de l’Ordre et des syndicats qui eux disaient aux pharmaciens : ‘la consigne est de privilégier les soignants et de ne pas vendre de masques’.»

Pourquoi une telle consigne de l’Ordre des Pharmaciens, au moment où les français en cherchaient partout ?

«Nous avons suivi la consigne du ministère de la Santé, mais qui certes n’a pas force de loi,» répond la présidente de l’Ordre, Carine Wolf-Thal. «Nous avons donc demandé aux pharmaciens de ne pas vendre ces masques chirurgicaux afin de les réserver aux professionnels de santé.» Même si ces masques importés, dès lors qu’ils n’avaient pas été réquisitionnés à leur entrée sur le territoire, n’étaient plus destinés au stock d’Etat alimentant les soignants.

Pourquoi le ministère de la santé a-t-il laissé passer plus d’un mois avant d’informer les pharmaciens de leur droit de vendre des masques aux particuliers ? Contacté, le cabinet du ministre n’a pas répondu à nos questions.

 

Source : https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/video-les-pharmaciens-etaient-autorises-a-vendre-des-masques-depuis-fin-mars-et-ne-le-savaient-pas_3953545.html


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