Il y a une semaine, l’Iran et la Chine ont signé un accord de coopération d’une durée de 25 ans, ce qui signifie l’échec total de la campagne de sanctions américaines «pression maximale». L’accord semble également représenter un désastre de la tentative de l’administration Biden d’isoler l’Iran et de saper la Chine, ne faisant que rapprocher les deux pays.
Les détails précis de l’accord n’ont pas encore été publiés, mais ce que nous savons d’un projet de 18 pages divulgué au public en août 2019, c’est que l’accord est accablant pour les États-Unis. D’après ce que nous comprenons de l’accord, la Chine cherche à investir jusqu’à 400 milliards en Iran au cours de la première étape de 5 ans de l’accord, en se concentrant largement sur le développement de son infrastructure pétrochimique ainsi que de son infrastructure de transport et de fabrication. Il s’agit d’un accord à la fois économique et sécuritaire, qui devrait permettre d’intégrer l’Iran dans l’initiative chinoise «Belt and Road».
Avant son entrée en fonction, le président américain Joe Biden avait promis de chercher à réintégrer le JCPOA ou accord sur le nucléaire iranien, ce qui aurait permis de désamorcer les tensions avec l’Iran, mais il a jusqu’à présent refusé de prendre les mesures nécessaires pour atteindre cet objectif. L’approche de M. Biden a consisté à diaboliser encore davantage l’Iran, en maintenant exactement la même approche que son prédécesseur Donald Trump. Le gouvernement américain s’est également efforcé de défier, de sanctionner et d’attaquer la Chine dans une mesure encore plus grande, dans le but d’affaiblir Pékin, mais les résultats se font attendre.
Au lieu de voir une Iran paralysé et une Chine affaiblie, les États-Unis n’ont fait que rapprocher davantage les deux pays. Si des accords commerciaux maritimes sont conclus, l’importance de l’Iran dans le commerce mondial augmentera considérablement. L’influence croissante de la Chine dans la région pourrait même déboucher sur une future route commerciale traversant l’Iran, l’Irak, la Syrie et le Liban jusqu’à la Méditerranée. Il convient également de noter que la Chine s’est efforcée d’asseoir son influence dans tous ces pays, l’Iran constituant la première étape de l’expansion de son pouvoir au Moyen-Orient.
La Chine cherchera à s’assurer les hydrocarbures de son pacte de 25 ans avec l’Iran, alimentant son économie en constante croissance, et s’assurant également un contrôle supplémentaire dans l’océan Indien. En outre, il est probable que la Chine finisse par fournir à l’Iran une meilleure technologie de défense aérienne, notamment de nouveaux systèmes d’alerte précoce qui lui permettraient de mieux se défendre contre d’éventuelles attaques du gouvernement américain ou israélien.
Le développement des capacités militaires de Téhéran à la suite de cet accord avec la Chine est une perte énorme pour les États-Unis. Israël et les États-Unis avaient espéré qu’en sanctionnant l’Iran, ils seraient en mesure de retourner la population du pays contre leur gouvernement, de l’affaiblir militairement et de le mettre dans une position vulnérable. Bien qu’ils n’aient pas réussi à atteindre leurs objectifs par leurs politiques agressives, ils refusent de s’adapter, et ils en paient le prix.
L’Iran est aujourd’hui plus capable militairement qu’avant la signature du JCPOA et – en réponse aux actes commis à son encontre – a mené des politiques plus agressives envers ses ennemis. Dans le cas où cet accord avec la Chine se déroule comme prévu, nous constatons que l’Iran a trouvé un moyen de remédier à ses problèmes.
Il est toujours possible que le gouvernement chinois ne tienne pas ses engagements, ce qui s’est produit dans le cas d’accords antérieurs visant à développer l’infrastructure pétrolière de l’Iran. Mais compte tenu de l’importance de l’Iran pour la Chine à ce stade, dans le cadre de son initiative «Belt and Road», il ne serait pas dans son intérêt de signer un accord qu’elle ne pourrait pas respecter. L’Iran étant si riche en produits pétrochimiques, il pourrait même techniquement fournir une bouée de sauvetage, permettant à la Chine de résister à un blocus américain sur les lignes de communication maritimes.
Comme la Chine fait actuellement l’objet d’une telle attaque de la part des nations occidentales, elle a vu une occasion d’agir en défiant l’Occident et l’a saisie à deux mains – tandis que l’Iran a également agi de la même manière.
L’immaturité affichée par l’administration Biden et l’administration Trump a fini par faire plus de mal que de bien aux États-Unis et à leurs alliés. S’il procède de manière professionnelle et rationnelle à partir de maintenant, le gouvernement américain pourrait être en mesure de sauver certains de ses partenariats, mais son approche actuelle a été rendue complètement inefficace.
Le JCPOA peut maintenant sembler plus tentant pour Washington, car l’Iran cherche à poursuivre d’autres options, en excluant l’Occident. Si nous assistons à un maintien de la ligne dure, en s’en tenant au modèle de sanctions actuel, cela pourrait être le signe d’une ère à venir d’escalade militaire au Moyen-Orient.
C’est notamment le cas si les États-Unis souhaitent résoudre le problème de l’influence chinoise dans la région en bombardant et en occupant illégalement des territoires dans des pays comme l’Irak et la Syrie. Cette stratégie consistant à maintenir les pays dans un état constant d’instabilité peut suffire à dissuader les investissements, mais ne constitue pas un plan de réussite à long terme et risque de les faire fuir de la région à terme.
Source : https://www.thelastamericanvagabond.com/china-iran-deal-a-disaster-for-us-biden-administration/ et https://www.ft.com/content/24393899-909e-4b3f-9e18-06a6951d639d
Traduction : ExoPortail
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