Certificats falsifiés, producteurs douteux: le scandale des masques défectueux achetés par l’État français

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Après une révélation sur des respirateurs inadaptés aux salles de réanimation commandés en masse par l’État, la cellule investigation de Radio France se penche sur le scandale des masques défectueux importés dans l’Hexagone dotés de certificats falsifiés.

 

Les besoins du système de santé en masques peuvent désormais être satisfaits, a annoncé le gouvernement. Mais la qualité du matériel de protection importé ne semble pas garantie, révèle une étude de la cellule investigation de Radio France qui fait suite à celle sur les 8.500 des respirateurs commandés et inadaptés aux malades du coronavirus.

«Les importations en provenance de Chine ont pu reprendre», s’est félicité Édouard Philippe lors de sa conférence de presse du 19 avril. Cependant, la qualité des masques et leur conformité aux normes en vigueur n’ont pas été abordés, soulignent les journalistes. Et ce alors que plusieurs pays européens, dont la Belgique, les Pays Bas et la Finlande, ont récemment reçu des masques inutilisables. Idem en France, confirment à la cellule investigation plusieurs acteurs du marché, comme Sourcing Force, société lyonnaise spécialisée dans la recherche de fournisseurs chinois. Sur la cargaison reçue par un client, «un quart était conforme, mais le reste était de très mauvaise qualité».

En Chine, où la demande était supérieure à l’offre au moment de l’explosion de l’épidémie en janvier, de nombreuses usines non spécialisées se sont mises à produire des équipements de protection individuels (EPI) à usage médical, sans véritable expérience, explique le PDG de VVR international Camille Verchery, spécialiste du «sourcing» (recherche de fournisseurs) sur le marché chinois. Dans la quasi-totalité des cas, l’analyse effectuée par son entreprise a démontré que le matériel proposé par des producteurs de masques n’était pas fiable.

 

Falsifications :

Certains de ces producteurs inexpérimentés de masques vont jusqu’à falsifier des certificats de conformité à la norme CE. Depuis quelques semaines, plusieurs organismes de certification émettent des alertes suite à la diffusion de faux certificats, révèle l’enquête. L’un d’entre eux, GTS, basé en Chine, a constaté qu’un document utilisé par un producteur de masques avait été émis pour certifier… un thermomètre médical.

L’ESF (European safety federation), qui regroupe une partie considérable des acteurs du marché de la protection, a recensé des dizaines de faux certificats circulant en Europe.

Le rôle de l’importateur est déterminant, affirme Pierre Lebon, directeur de l’ASQUAL, organisme qui effectue des tests dans le cadre des certifications d’EPI: «Normalement c’est lui qui doit servir de filtre et garantir que les produits sont bien conformes.»

Néanmoins, de nombreux intermédiaires qui sollicitent actuellement les entreprises et les hôpitaux ne sont pas des spécialistes du secteur, avertit Radio France. Certains fournissent également des certificats qui ne garantissent pas la conformité de l’équipement à la réglementation européenne. La cellule investigation a pu le constater à au moins cinq reprises en se faisant passer pour des acheteurs auprès d’intermédiaires ou au travers de documents envoyés par des importateurs puis fournis par de vrais acheteurs.

 

Le producteur se trouve à 7.500 km du contrôleur  :

Bien qu’ils portent le marquage «CE» et soient délivrés par des organismes de certification parfois connus, ces certificats ne reposent que sur l’examen d’un dossier technique envoyé par un producteur situé à 7.500 kilomètres du contrôleur, prévient le média.

«Certains jouent avec le feu», confie sous couvert d’anonymat un professionnel français de la certification. Ces dernières semaines, ces «vrais-faux» certificats se sont multipliés sur le marché.

«Les nouveaux acteurs connaissent mal la réglementation. En général, il faut 3 à 5 mois pour un processus de certification complet, alors quand vous voyez un certificat qui vient tout juste d’être émis, il faut être prudent», explique Pierre Lebon de l’ASQUAL.

 

Une qualité douteuse :

Ces produits non certifiés ne sont pas nécessairement mauvais, estime la Fédération européenne de sécurité (EFS). «Il est possible que ces masques offrent la protection annoncée, même si les documents ne sont pas conformes», explique-t-elle dans une note.

La région Île de France a en effet testé les masques achetés à Wensli, société connue jusqu’ici pour fabriquer des écharpes en soie. L’Agence régionale de santé (ARS) les a confiés au laboratoire national d’essais qui a constaté qu’ils offraient une protection conforme aux exigences européennes, concèdent les investigateurs.

Cependant, plusieurs soignants ont fait part de leurs doutes à Radio France quant à la qualité du matériel qui leur était parfois distribué.

«Sur les masques chirurgicaux, vous avez une barrette en métal qui doit assurer l’étanchéité au niveau du nez, et sur certains masques, ça part dès les premières minutes», constate par exemple Aglawen Vega, infirmière à l’hôpital Cochin et élue CGT.

L’Agence nationale du médicament et des produits de santé (ANSM), responsable de la conformité des masques, et le ministère de la Santé n’ont pas répondu aux sollicitations de la radio qui leur demandait si ces masques ont été certifiés et testés. L’ARS Île-de-France a expliqué que les seuls tests qu’elle avait fait diligenter étaient ceux qui avaient été demandés par la région. Le laboratoire national d’essais (LNE) confirme pour sa part avoir effectué des tests sur des masques, mais n’a rien communiqué ni sur ses commanditaires ni sur leurs résultats, conclut l’enquête.

 

 

Bonus un peu hors sujet, mais tout aussi scandaleux : 

Des bracelets électroniques obligatoires en France pour les personnes positives au Covid-19?

Un bracelet électronique pourrait être ajouté ou même remplacer l’application StopCovid que le gouvernement entend utiliser pour tracer les personnes positives au Covid-19 après le déconfinement. Une société toulousaine a offert ses services dans ce domaine, selon Les Échos.

Les malades contaminés par le coronavirus pourraient être équipés d’un bracelet électronique facilitant le traçage des personnes avec qui ils sont entrés en contact après le déconfinement, propose la société toulousaine Sigfox, opérateur d’un réseau bas débit pour les objets connectés, relatent Les Échos et RTL.

«L’idée est d’avoir un bracelet, ou un autre objet connecté, qui ne soit pas relié au smartphone et permettrait de connaître les personnes croisées par son porteur durant la journée et celles qui se sont rendues dans différents lieux», a indiqué le PDG de Sigfox, Ludovic Le Moan, cité par RTL.

Un tel bracelet permettrait surtout de retracer les interactions de nombreux malades qui ne possèdent pas de smartphone. Il pourrait enregistrer les rencontres avec d’autres bracelets connectés et prévenir, par exemple, que leurs porteurs se trouvent trop près l’un de l’autre ou qu’il y a trop de monde dans un même espace.

Son utilisation rendrait aussi plus facile la création de la liste des contacts d’une personne testée positive au Covid-19 dans les 14 jours précédant son diagnostic.

 

Ne pas fournir de données supplémentaires à Apple et Google :

Selon M.Le Moan, l’objectif serait d’avoir un objet indépendant de Google et d’Apple qui ont déjà assez d’informations sur les déplacements et les préférences des utilisateurs de leurs produits.

Dans cette optique, un bracelet «indépendant du téléphone» serait plus sûr, puisqu’il cesserait de transmettre ses informations après avoir été ôté, alors que le smartphone resterait avec son propriétaire après la fin de la pandémie.

 

Le gouvernement étudie une application, mais prêt à examiner d’autres idées :

Le ministre de la Santé, Olivier Véran et le secrétaire d’État au Numérique, Cédric O, ont confirmé mercredi 22 avril travailler sur une application mobile de «contact tracing», baptisée StopCovid, pour ralentir la propagation du virus, note Les Échos.

Dans le même temps, Cédric O a avoué étudier d’autres propositions faites par les industriels.

«Nous avons pleinement conscience que tout le monde ne possède pas de smartphone, des solutions alternatives sont à l’étude», a-t-il indiqué, cité par RTL.

 

Application et bracelet seront-ils facultatifs ? :

Le bracelet pourrait devenir un complément à l’application StopCovid. Mais son utilisation tout comme celle de l’application devrait rester facultative.

«L’objectif du gouvernement est que tout citoyen qui souhaite contribuer à casser les chaînes de transmission et de propagation du virus puisse le faire, librement, en toute sécurité et dans un cadre respectant sa vie privée», a affirmé Cédric O dont les propos ont été repris par Le Point.

 

Bracelets pour les malades atteints du Covid-19 à l’étranger :

D’autres pays ont déjà essayé d’utiliser des bracelets électroniques pour endiguer la propagation du Covid-19.

Depuis la mi-mars, Hongkong impose le port d’un bracelet connecté à une application pour tous les étrangers pour contrôler le respect de la quarantaine.

La Corée du Sud impose depuis début avril le bracelet électronique «à toutes les personnes qui violent les règles de l’auto-isolement en allant dehors sans prévenir et en ne répondant pas aux appels téléphoniques», selon l’agence de presse Yonhap.

En Belgique, le port d’Anvers teste une version «coronavirus» du bracelet Romware Covid Radius de Rombit, qui permet d’émettre une alerte quand la distance entre des salariés est trop courte ou qu’il y a trop de monde dans un même local, rapporte Les Échos.

 

 

Source : https://fr.sputniknews.com/france/202004241043645226-certificats-falsifies-producteurs-douteux-le-scandale-des-masques-defectueux-achetes-par-letat/ et https://fr.sputniknews.com/france/202004241043649285-des-bracelets-electroniques-obligatoires-en-france-pour-les-personnes-positives-au-covid-19/


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